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Kevin Da Costa : « C'est incroyable ! »
Plus d'un mois après la descente du Hockey Club de Caen en Division 1, deux Bas-Normands ont remporté la Ligue Magnus la semaine dernière. Kevin Da Costa et Clément Fouquerel, qui ont tous deux commencé le hockey-sur-glace à Cherbourg avant de rejoindre Caen, sont devenus champions de France avec Gap à l'issue d'une finale spectaculaire. Kevin Da Costa, encore Drakkar la saison dernière, a vécu des émotions fortes...

 

Kevin, quelques jours après ce titre, vous êtes encore sur votre petit nuage ?

Je crois que c'est le titre de La Presse de la Manche ! C'est vraiment ça, je suis sur un petit nuage. Sur le coup, il y avait beaucoup d'émotion, mais je ne réalisais pas trop. J'ai reçu beaucoup de messages de félicitations, y compris de la part de personnes que je n'ai pas vues depuis longtemps. C'est incroyable. C'est là que tu te rends compte que tu as fait quelque chose de super.

 

Il y a un peu plus d'un an, quand vous jouiez les pladowns avec Caen, vous deviez être loin d'imaginer que vous seriez vainqueur de la Ligue Magnus peu de temps plus tard...

C'est sûr. Honnêtement, je n'avais jamais pensé gagner la Magnus. Après, quand j'ai signé à Gap, c'était pour essayer de remporter quelque chose. Je ne pensais pas que ça viendrait aussi vite. J'imaginais plutôt un long processus semé d'obstacles, même s'il y en a eu. Faire trois fois les playdowns avec Caen et gagner la Magnus l'année où je pars... je crois que j'ai fait un bon choix.

 

Le club de Gap vous avait tout de même présenté un projet très ambitieux l'année dernière ?

Oui. Quand j'étais en contact avec eux, ils voulaient lancer un cycle pour gagner quelque chose au bout de quelques années. Même eux ont été surpris que ça se concrétise aussi tôt. L'objectif officiel était de terminer dans le Top 6/Top 4, mais Luciano (Basile, l'entraîneur de Gap, ndlr) disait qu'il n'avait pas envie d'attendre trois ans pour gagner quelque chose.

 

La saison régulière, où vous avez terminé troisièmes, a dû vous conforter dans l'idée que tout était possible sur ces playoffs...

C'est clair, surtout qu'on a eu des emm... comme pas possible sur cette saison régulière. C'était dur mentalement. On a eu beaucoup de blessures, notre meilleur pointeur s'est fait suspendre pour dopage... Il y a eu beaucoup d'épreuves. La force du groupe est que tout le monde a tiré dans le même sens. On a su faire le boulot. C'est juste incroyable quand je regarde en arrière. Cette force de groupe nous a permis d'aller au bout.

 

La finale a été assez incroyable puisque vous étiez menés 3-1 dans la série contre Épinal avant de gagner 4-3.

On dit toujours qu'un nouveau championnat commence en playoffs, et pour moi c'est totalement vrai. Ce n'est pas le même état d'esprit, c'est le money time. Épinal a sorti Rouen et Angers, Dijon est allé en demi-finale après avoir éliminé Grenoble... Tout est possible. On était attendus après notre place de troisièmes en saison régulière. Contre Amiens, la série a été très physique. C'était dur, on avait du mal à gagner à l'extérieur. Ça n'a pas été facile non plus contre Dijon. Face à Épinal, je n'en parle même pas ! Être mené 3-1, revenir et gagner chez nous, c'est juste incroyable. On voulait tellement bien jouer qu'on s'est enlevé la pression du résultat. Ça a marché.

 

Comment s'est passé ce dernier match, cette dernière soirée ?

J'avais appris dans la journée que j'avais perdu une de mes grand-mères. C'était super dur le jour de la finale. J'étais heureux mais j'avais une grande pensée pour ma famille. À côté de ça, j'étais heureux de partager ce moment-là avec Clément Fouquerel, qui est un très bon ami et que je connais depuis que je suis gamin. C'est aussi une histoire incroyable. Qui aurait cru qu'on se retrouverait tous les deux à Gap pour la finale et qu'on la gagnerait ? Dans la soirée, il y a eu une vraie communion avec les supporters.

 

L'arrivée de Clément Fouquerel pour ces playoffs, suite à l'élimination de son équipe de Chamonix, a-t-elle contribué à faire pencher la balance en votre faveur ?

On avait perdu notre premier gardien avant la série contre Amiens et le coach a préféré aller chercher un autre gardien. C'était soit Clément, soit Buysse (le gardien de Dijon, ndlr), qui s'affrontaient en huitièmes. C'est tombé sur Clément et évidemment j'étais content. Ça rajoute un peu de folie à cette histoire. C'est une belle histoire pour deux gamins qui ont commencé le hockey à Cherbourg.

 

« On ne me reconnaissait pas quand je me suis rasé la barbe »

 

À titre personnel, comment s'est passée cette saison ?

Le début a été assez difficile parce qu'il a fallu que je m'adapte à un système de jeu différent, un coach différent... Les entraînements sont beaucoup plus intenses. Au début, j'étais un peu impressionné parce qu'il y avait beaucoup de gros joueurs. Ça m'est arrivé de me demander où est-ce que j'étais arrivé ! À Gap, toutes les conditions sont réunies pour que les joueurs ne soient concentrés que sur leur jeu. On fait tout pour nous. Je me suis intégré petit à petit. J'avais moins de responsabilités offensives qu'à Caen, ce qui est normal, mais j'ai réussi à me trouver une petite place dans le groupe et à faire ce qu'il fallait pour apporter à l'équipe.

 

C'est aussi une nouvelle vie, loin de Caen. Ça vous plaît ?

Il fait super beau ici (sourire). La mer me manque quand même un peu, mais le cadre est sympa. Ça me faisait bizarre au début parce que c'est une petite ville. Tu es souvent amené à croiser du monde que tu connais. Le hockey est le sport majeur ici. Tu sens les gens derrière toi. Ils te reconnaissent, il y a une ferveur. C'était particulier au début. Là, je vais profiter de la fin de saison pour explorer les alentours de Gap.

 

Quel est le programme des vacances ?

Je vais revenir à Cherbourg voir ma famille mais je vais aussi revenir à Caen parce que j'ai encore beaucoup d'amis ici que j'ai envie de revoir. Certains joueurs dans d'autres clubs ont déjà repris la préparation. Pour l'instant, je ne me prends pas la tête, je profite. On fête notre titre, on a beaucoup de manifestations... J'ai encore des petits à entraîner sur Gap jusqu'à fin avril. Je vais revenir tranquillement en Normandie et me préparer.

 

Quel a été votre sentiment en voyant Caen redescendre en D1 ?

Ça m'a fait ch... parce que je connais encore plein de monde là-bas. Ça me fait ch... pour Luc aussi, parce que je pense que c'est vraiment un bon coach. Il a tout fait pour le club et malheureusement ça n'a pas marché. Après, ça faisait quand même plusieurs années qu'on jouait les relégations. Ils n'ont pas eu de chance cette année avec la blessure de Thiery. J'espère qu'ils vont lui retrouver un bon remplaçant. J'espère aussi qu'en D1 certains jeunes de Caen auront plus de temps de glace et qu'ils pourront s'épanouir. Je tiens à dire que les jeunes à Caen bossent vraiment dur.

 

Votre avenir est à Gap ?

J'ai eu un meeting avec le coach, je ne sais pas encore si je reste mais je pense que ça sera le cas. Je me sens bien ici. À voir ensuite si on trouve un accord. Normalement, c'est bon.

 

Pour finir, ça fait quoi de raser sa longue barbe ?

C'est incroyable ça aussi. On a le sentiment d'avoir vingt ans de moins quand on rase sa barbe ! Elle était vraiment longue. Pour l'anecdote, après le dernier match de la finale, je suis passé chez moi me raser avant d'aller au bar avec tout le monde. Les gens ne me reconnaissaient pas au bar. Même les gars de mon équipe avaient du mal à me reconnaître. Ça faisait vraiment du bien ! Quand je mangeais, je m'en mettais plein la barbe, c'était vraiment compliqué. Mais la tradition, c'est la tradition. Je l'ai respectée !


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